Le Retour de Cronje

L'isolement s'est avéré chose impossible pour Andre Cronje.

Il y a à peine deux semaines de cela, Cronje disparaissait du Twitter crypto, le scandale Eminence ayant entaché la réputation du développeur autrefois idolâtré.

Beaucoup de choses ont changé durant sa courte absence. Les yield farms autrefois rentables sont devenues infertiles, et le démon de Cronje, Blue Kirby, n’est plus de ce monde.

Las, l’alchimiste est sorti de sa retraite, apportant avec lui un nouveau grimoire de code inachevé.

La foule, aveuglée par sa cupidité, n’a pas tenu compte des habituels avertissements du maître rappelant que son contenu était simplement destiné à être testé, et un nouvel exemple de darwinisme on-chain s'est offert à nous en temps réel.

La perte des fonds dans le contrat EMN a semblé accidentelle - un hack / exploit d’un utilisateur inconnu.

Ce n’est pas la même chose pour LBI. La chute du prix a été déclenchée par Cronje lui-même lorsqu’il a édité l’article Medium dans lequel il avait à l’origine annoncé le projet.

Cela a conduit beaucoup de gens à accuser Cronje d'être la cause de leurs pertes. Après l’affaire EMN, il semble logique de croire que Cronje savait que les gens iraient mettre de l’argent dans ce contrat.

Il apparaît tout aussi logique de croire qu’il aurait pu prévoir l’impact d’un ajout tel que cet avertissement drastique après que tant d’utilisateurs ont déposé au sein du contrat.

Cependant, le code a été publié avec des clauses de non-responsabilité, et comme ceux qui déposaient leur argent connaissaient donc les risques, il semble que les deux parties partagent une certaine responsabilité à cet égard.

Cronje a quitté Twitter le 29 Septembre afin de se concentrer pleinement sur son travail.

Beaucoup espéraient qu'il reviendrait avec un nouveau projet terminé, pour finalement être déçus lorsque celui-ci a publié d'autres codes inachevés sur le mainnet d’Ethereum.

Il semble que cette énième déception publique ait rendu Cronje amer ; il est rapidement passé du mutisme à un comportement presque maniaque lorsque son projet a implosé, puis s’est servi de Twitter pour se moquer de ceux ayant perdu leur argent.

Si l’on se fie à son historique Twitter, il semble que @andrecronjetech soit maintenant @andrecronjedev, mais quel changement, s'il y en a un, pour celui qui était jadis le "degen" audacieux du crypto Twitter ?

EDIT - Heureusement, le compte @andrecronjedev était un troll. Depuis la publication de cet article, @andrecronjetech a utilisé son compte original pour s'exprimer sur son implication dans la DeFi.

L'appétit d'expérimentation du public a-t-il été rassasié, ou bien les dégens vont-ils continuer à dégen ?

La grande époque de 0xc4ad est révolue, et nous devons cesser de glorifier ou d'encourager ce type de comportement irresponsable.

Il semble qu'aucune des deux parties n'ait tiré quoi que ce soit de la dure leçon que fut EMN. Le comportement de la foule reste imprudent, et, apparemment, Cronje n'a pas encore accepté que sa nouvelle célébrité lui impose une certaine dose de responsabilité dans la protection de ceux qui utilisent son code.

Si le code n'avait été que partagé pour les développeurs afin de les aider à réfléchir et à trouver comment créer un nouveau mécanisme de distribution, il aurait pu le diffuser anonymement, ou bien seulement à quelques heureux élus.

Toutefois, la frustration de voir sa créativité limitée par la cupidité de la communauté doit être exaspérante, et l’on peut comprendre pourquoi Cronje a réagi de telle sorte.

Étant l'un des développeurs les plus compétents de notre industrie, nous ne devrions pas le dissuader de continuer à construire. Révéler son travail au public est toujours un moment stressant, d'autant plus quand il y a tant en jeu.

Suite à ces deux échecs, la foule ne cesse d’exiger toujours plus d’or à Cronje. Le succès de YFI était-il une exception ?

Les deux camps doivent prendre du temps pour repenser à leurs actes et assumer leurs responsabilités respectives. Rien n’est ici tout noir ou tout blanc.

Car, en fin de compte, personne n’a forcé les degens à investir : ils connaissaient les risques, et ont fini par se faire rekt.

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