Monkey Business



En à peine un an, Bored Ape Yacht Club est passé du statut de collection de NFTs de niche à celui d'écosystème à part entière, et est devenu une possibilité d'enrichissement mainstream.

Bored Apes a su attirer l'attention du grand public sur les NFTs, tout en faisant réaliser d'énormes gains à tous les collectionneurs et traders de la première heure.

Le prix de mint de la collection s'élevait à 0,08 ETH (à peine 190$ en avril 2021), mais, aujourd'hui, le moindre singe, même le plus modeste, vous coûtera au moins environ 340 000$.

Toutefois, l'ascension incessante de BAYC a rebuté de nombreux amateurs d'art numérique. En effet, ces derniers estiment que le projet a été adopté par des noobs et des célébrités embarrassants et enclins aux arnaques, et que l'équipe principale a abandonné les valeurs les plus importantes de la crypto.

Aux yeux d'un grand nombre d'entre eux, le scandale entourant le récent mint d'Otherdeeds a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Depuis le lancement, APE, BAYC et OTHR ont tous connu une baisse considérable.

Tandis que la confiance faiblit et que la loyauté s'effrite, que réserve l'avenir à Bored Apes ?

Le succès initial de Bored Apes peut être attribué en partie à son timing : au paroxysme du printemps des Shitcoins, au moment où les tokens DeFi étaient en passe de s'effondrer, Bored Apes est apparu, et l'été des NFTs a commencé.

L'esthétique de BAYC et les accessoires add-on ont réussi à trouver une certaine résonance parmi les propriétaires, chose qui n'était pas le cas de leurs prédécesseurs.

Le projet a fini par totalement éclipser les CryptoPunks. Il y a d'abord eu le "flippening" vers la fin de l'année dernière, lorsque le price floor des BAYC a dépassé celui des Punks aux alentours des 60 ETH, puis l'acquisition comme clou du spectacle de LarvaLabs par Yuga pour un montant non divulgué en mars.

Mais le succès ne va jamais sans ses détracteurs. Nombreuses ont été les tentatives de jeter le discrédit sur le projet : reste à vous de décider s'il s'agit de préoccupations fondées ou non.

Vous vous souvenez quand l'équipe s’est fait doxxer ?

Vous vous souvenez quand les singes étaient racistes ?

Vous vous souvenez de toutes les fois où les "ape got hacked" ?

On peut dire sans risque de se tromper que la plupart des amateurs de NFTs ne sont pas "là pour la tech".

Les innombrables comptes de propriétaires de BAYC victimes d'arnaques et de "hacks" sont bien documentés.

Le monkey business paie bien en pleine ape season, mais ce sont les chasseurs qui font le plus de profit.

De très nombreuses stratégies ont été élaborées pour séparer les Apes de leurs propriétaires. Parmi celles-ci, on peut citer la diffusion de liens d'hameçonnage par des comptes Twitter vérifiés, l'exploitation de bugs de l'interface utilisateur d'OpenSea, la compromission du Discord de BAYC et, bien sûr, le récent hack d'Instagram ayant entraîné des pertes estimées à 2,4 millions de dollars.

Si les scandales autour de ce projet n'ont pas manqué, celui-ci n'a pas pour autant cessé de se démocratiser.

Snoop Dogg n'est qu'une des nombreuses célébrités qui ont ape dans ce projet, plusieurs d'entre elles ayant été aidées par l'agence "Moonpay" qui fournit des NFTs aux célébrités. A moins que ce ne soit l'inverse ?

Plusieurs célébrités se sont impliquées dans les NFTs, et leur accueil a toujours divisé.

Les bagholders se réjouissent, tandis que les badauds se morfondent à la vue du partenariat contre-nature de deux marques qui se battent pour capter votre attention.

Nous pouvons pardonner à quiconque doute de la sincérité des personnalités jouant un rôle dans les NFTs.

Yuga Labs et les fans ont continué à capitaliser sur le succès de BAYC avec des spin-offs comme Bored Ape Kennel Club et Mutant Ape Yacht Club, ouvrant même IRL un fast-food.

Néanmoins, l'ultime stratégie de monétisation est devenue inévitable.

ApeCoin, la monnaie de Bored Ape, a été lancée puis airdroppée à tous les détenteurs de BAYC le 16 mars.

Si l'on considère que le programme de staking peut être résumé en "payer des gens en ApeCoin pour qu'ils détiennent des ApeCoin", pourrait-on supposer que la fourniture de liquidités de sortie pour l'équipe est une fonction clé des tokenomics ApeCoin ?

Peut-être pas... L'ApeCoin peut être utilisé pour acheter des NFTs sur OpenSea, et il sera la monnaie native du metaverse Bored Ape qui a été tant teasé, "Otherside", un monde dans lequel les fans pourront acheter des land (Otherdeeds) avec des ApeCoin.

Le mint des Otherdeeds est intervenu peu de temps après le lancement de l'ApeCoin, et ce car Yuga Labs souhaitait apporter une certaine utilité au token.

Le mint a connu un grand succès, mais essentiellement pour YugaLabs, et pas vraiment pour les autres.

Les premiers red flags sont apparus avant le lancement.

Le minting exigeait des utilisateurs qu'ils se fassent connaître à l'avance avant de payer 305 APE (~6k$) le prix du mining, ce qui a permis de faire grimper le prix du $APE à plus de 25 dollars, les propriétaires potentiels ayant acheté par anticipation.

Puis, par la suite, en dehors des inévitables escroqueries par hameçonnage, le lancement a paralysé le réseau Ethereum pendant environ deux heures. Le prix du gas a explosé, tandis que les utilisateurs ont dépensé 60 234 ETH (170,8 millions de dollars) pour minter les lands NFTs, et que 1 653 ETH (4,7 millions de dollars) ont été tout bonnement perdus à cause de transactions ratées.

YugaLabs a annoncé qu'elle rembourserait toutes les transactions échouées, bien que le système se soit, bien sûr, transformé en une autre cible de phishing.

En dehors du gas, le lancement a rapporté 320 millions de dollars en frais de mint à Yuga, plus ~475 millions de dollars en ventes secondaires, ce qui a donné lieu au plus grand volume quotidien jamais atteint par OpenSea.

Tous les produits liés au BAYC ont chuté en valeur après leur lancement.

L'Apecoin connaît en ce moment une baisse de plus de 40 %, tandis que les Otherdeeds eux-mêmes ont chuté de plus de 50 %.

La réponse de YugaLabs au chaos a été perçue comme arrogante ("turning off the lights on Ethereum"), celle-ci blâmant "le goulot d'étranglement d'Ethereum" et suggérant que l'ape-verse migrera sur sa propre blockchain.

Cette déclaration n'a pas été bien accueillie, et certains ont souligné comment l'absence d'optimisation du gas dans le contrat mint a conduit à burn plus de 40 000 ETH excédentaires (>100 millions de dollars).

Le fait de burn autant d'ETH pourrait plaire aux "bulls", mais ceci ressemble tout simplement à du gaspillage.

Mis à part les mauvaises habitudes d'OpSec de leurs détenteurs, il s'agit là du premier événement de relations publiques indiscutablement négatif concernant l'univers BAYC.

Avec son flux constant de lancements de nouveaux produits, Yuga Labs excelle à maintenir la hype indispensable entourant l'écosystème BAYC.

Ape-chain sera-t-elle leur prochaine solution ? Sans doute. Et qui peut les blâmer de s'engager dans cette voie ?

Une blockchain centralisée de niveau 1 pourrait être une meilleure solution pour eux (et leurs détenteurs) et, avec autant d'argent à dépenser, ils sont en mesure de construire ce qu'ils veulent.

Yuga n'est pas une entreprise technologique (comme nous l'avons vu avec le mint), mais ils sont excellents dans ce qu'ils font. Pour peu qu'ils puissent maintenir la hype, leur focalisation actuelle sur le branding et le marketing mènera sûrement à quelque chose d'important.

Le modèle de revenus de Yuga consiste essentiellement à alimenter la FOMO pour vendre du vent (ou du gas dans le cas du récent lancement), et cela fonctionne très bien pour eux.

Mais même les maîtres du marketing ne peuvent se soustraire à l'effet Elon.


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